Les émotions ont besoin d’être libérées. Or, dans notre société, leur expression dérange, elle est considérée comme une faiblesse, il est inconvenant de montrer ce que l’on ressent.
Le jugement de l’autre, de celui qui est témoin de nos émotions, qu’elles soient joie, peur, tristesse ou colère, est souvent très dure. Mais pourquoi ? Est-ce là un effet miroir ? Que voit cette personne qui nous reproche de crier après un accident, de pleurer la perte d’un être cher, de sauter de joie à l’annonce d’une belle surprise ? Que ressent cette personne qui nous juge. S’interdit-elle de ressentir ? de s’exprimer ? Mais pourquoi ? Que voit-elle en elle-même ? quel miroir produisons-nous ? Et lorsque cela nous arrive à nous, de juger, d’être gêné par l’émotion de l’autre, nous pouvons nous poser la même question : Que voyons-nous qui nous dérange et pourquoi cela nous dérange ?
Aujourd’hui j’aimerais vous parler du déni. Dans un livre, que je dévore avec intérêt grandissant à chaque phrase car j’y trouve somme de réponses et aussi de nouvelles questions, livre intitulé « L’intelligence du cœur » d’Isabelle Filliozat, auteure et psychothérapeute, j’ai trouvé le récit bien inspiré illustrant la façon dont l’inconscient gère le déni des émotions. Je retiens particulièrement cette phrase : « le déni des émotions sert la passivité, la déresponsabilisation, le maintien du status quo ». Status quo : du latin « l’état où cela était auparavant. Autrement dit ne surtout pas bouger, changer.
Le déni de nos émotions nous amène à ne rien changer, même lorsque nous remarquons que nos comportements nous mènent loin du chemin, loin de la personne que nous aspirons devenir.
Le premier pas serait-il de reconnaître ses émotions ? De les libérer ? La réponse est oui ! L’une des actions à entreprendre pour orienter ses pas vers le devenir que l’on a choisi est de libérer ses émotions.
Certains d’entre nous dirons : « mais moi je ne ressens rien », « je relativise », « il n’y a pas de quoi en faire un fromage », « c’est la vie », « il faut avancer », « il faut faire avec, c’est la vie », ….. . Voici bien des excuses pour ne pas faire face à soi-même, se manquer de respect, ne pas évoluer vers une version plus heureuse de soi.
Mais pourquoi ce phénomène ? Isabelle Filliozat l’explicite avec simplicité : « les émotions font peur parce qu’elles nous confrontent à une réalité que l’on préfèrerait ne pas voir, elles nous obligent à la vérité ».
C’est cela le déni, refuser de voir la réalité pour ne pas souffrir.
Est-ce conscient ? Pourquoi l’humain réagit il de cette façon ?
En psychanalyse, il est communément admis que c’est un mécanisme inconscient, il nous protège d’un trop grand traumatisme. D’après Freud, le père de la psychanalyse, nous sommes victime de notre inconscient, il travaille pour nous. Est-ce là une théorie nous déresponsabilisant nos actes ? D’autres disent qu’il est possible de « reprogrammer » notre cher inconscient pour qu’il nous serve au lieu de nous desservir. De là, nous voyons l’essor de techniques inspirées de l’hypnose ericksonienne ou la PNL. Beaucoup de formes de thérapies existent aujourd’hui pour nous accompagner à reprendre le pouvoir sur notre vie.
Pour finir, pour ceux qui le souhaitent, qui se sentent prêt, comment sortir du déni ? En acceptant ses émotions, en les exprimant, en les comprenant et en agissant pour atteindre une écologie intérieure, c’est-à-dire être en harmonie avec ses valeurs. Nous avons peurs de nos émotions car nous avons peur de nous retrouver démunis devant l’angoisse, l’impuissance. Finalement le silence est bien plus douloureux et traumatisant que l’expression et le partage des émotions. C’est le partage qui crée les liens entre les personnes. Taire ses émotions envers les personnes que l’on aime creuse un faussé.